A-quoi accorde t’-on de la valeur ? 

                                                       nu et nature morte 1931

 Picasso le peintre andalou, créateur passionné il expérimente tous les styles. Sa peinture est animée d'une puissance énergétique.

Qu’est-ce qui est important dans la vie ? La réponse à cette question est relativement constante dans la population : la santé, la famille et les amis, l’argent. Nous retrouvons dans cette réponse, les trois dimensions utiles à l’épanouissement : la capacité à vivre, la capacité à avoir des relations sociales de qualité et la capacité à agir.  Pour Nietzche, les hommes n’ont pas pour désir profond de survivre mais plutôt celui de réaliser leur potentialité. Alors qu’est-ce qui est bon pour les hommes ?

L’économie érigée en science depuis le XVIIIème siècle a réussi à imposer l’idée (la représentation commune) que le but de l’activité humaine est de permettre aux humains de mieux satisfaire leurs besoins afin de sortir  de leur condition misérabiliste.

  Le besoin est un manque, une tension qu’il va falloir éliminer pour éteindre le feu de souffrance. A. Maslow (psychologue 1954) a  classé ces besoins de manière hiérarchique en indiquant qu’il faut en priorité satisfaire les besoins du premier niveau avant de se préoccuper des autres niveaux :

                                               5- d’épanouis-

                                                   -sement

                                               4- de réalisation

                                               3- d’appartenance

                                               2- de sécurité

1- physiologiques

Grâce à son travail, à son organisation et à sa technologie l’homme est parvenu a créer des richesses pour satisfaire ses besoins à un niveau jamais connu jusqu’alors. Les travaux d’Angus Maddison (2001) montrent que le niveau de vie des humains a très peu évolué entre l’an zéro et 1500, qu’il augmente lentement entre 1500 et 1820 et que la croissance devient très rapide à partir de 1820 avec la première révolution industrielle du charbon, de l’acier et de la vapeur. Le progrès technologique laisse espérer la possibilité d’un progrès sans fin et d’une croissance économique potentiellement infinie. La période des trente glorieuses (1945-1975) avec un taux de croissance de 5% laisse au français beaucoup de nostalgie et le sentiment d’un âge d’or passé. L’impression que les enfants vivront moins bien que les parents. Cela explique que dans les classements internationaux concernant le moral des populations, les Français  se classent parmi les plus pessimistes (dernière enquête en 2011). Les pays en tête de ce type de classement sont les pays émergents, ceux sont aussi ceux qui ont la plus forte croissance économique.

Easterlin a montré qu’il existe un paradoxe : l’augmentation du niveau de vie depuis 25 ans aux USA n’a pas permis d’augmenter la satisfaction des gens. Pourquoi ?

1-     Parce que ce qui compte ce n’est pas le niveau de richesse ou de salaire qui donne satisfaction aux hommes, mais le fait que le salaire augmente, c’est-à-dire que l’évolution compte plus que le stock de richesse. Or la croissance des pays riches est plus faible aujourd’hui qu’il y a trente ans.

2-     Parce que le bonheur se résume parfois a gagner un euro de plus que son voisin (René Girard : le mimétisme : les individus ont besoin d’avoir l’impression de disposer de privilège et de choses que les autres ne possèdent pas pour se sentir heureux) or le niveau d’inégalité dans les pays riches a augmenté.

3-     Parce que la publicité et l’offre des entreprises créent sans cesse de nouveaux besoins qui fait que l’on est malheureux de ne pas pouvoir posséder des objets dont on ignorait l’existence quelques temps auparavant.

De la même façon Sahlin explique que l’homme préhistorique vivait dans l’abondance de la chasse, de la pêche et de la cueillette tandis que l’homme du XXIème siècle vit dans le manque d’une société qui pourtant lui offre l’accès à des quantités de richesses biens supérieures. Le bonheur serait donc dans l’ignorance (mais il est difficile de se couper du monde sauf à vivre en ermite !) ou dans la capacité à résister à la société de consommation (mais cela relève de l’éducation qui donne la sagesse d’apprécier ce que l’on a plutôt que de sans cesse se tourmenter pour ce que l’on croît être des manques).

Alors que peut-on faire pour être heureux et avoir confiance dans l’avenir ?

1-  Le bonheur passe par la possibilité de réaliser ses potentialités selon Nietzche et A.Sen (prix Nobel d’économie 1998). Il s’agit donc d’être acteur de sa vie plus que d’être spectateur, consommateur. ( JJ.Goldman dans l’une de ses chansons disait « elle vit sa vie par procuration, derrière son poste de télévision… »). Pour A.Sen le développement d’un pays consiste à permettre à chacun de développer ses capacités (capabilités) afin de devenir celui qu’il pense être. Cette approche est un guide précieux pour orienter les politiques publiques.  Avec 8 millions de pauvres, 4 à 6 millions de chômeurs, 20% d’enfants qui sortent du système scolaire sans qualification ou en ayant de graves difficultés de lecture et d’écriture la France peut-elle être qualifiée de pays développé ?

2-Une politique publique qui œuvre dans l’intérêt général ne peut qu’avoir pour ambition  réelle  d’agir dans le sens de la résorption de ces fléaux.Churchill en 1940 commande à Beveridge un rapport qui fondera les bases de la sécurité sociale dans les pays européens avec pour ambition de lutter contre les cinq fléaux de l’humanité :

                                              -la maladie,

                                              -l’ignorance,

                                              -la déchéance,

                                              -la dépendance,

                                              -les taudis.

3-Individuellement chacun à le devoir de quitter sa position de quémandeur, consommateur afin de devenir acteur de sa vie dans la mesure se ses possibilités. JF.Kennedy disait «  ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande toi ce que tu peux faire pour ton pays ! ».

4-Enfin il n’est pas possible de pouvoir être heureux en étant jaloux et envieux des autres, il convient de lire René Girard pour comprendre les effets destructeurs des mécanismes de désir mimétique et de recherche de boucs émissaires. Difficile d' accepter de ne plus se comparer quand on a la passion de l’égalité et celle des privilèges.

Acteur ou consommateur : le choix du bonheur !

 Churchill: " en Angleterre tout est permis sauf ce qui est interdit, en Allemagne tout est interdit sauf ce qui est permis et en France tout est permis même ce qui est interdit".